Coup de projecteur sur Job Peterson Mompremier, jeune entrepreneur social haitien
Entrevue r�alis�e par Edvirge Predestin, de CRED-Montreal
Bonjour Job Peterson Mompremier. Merci pour le temps que tu nous accordes � r�aliser cette entrevue. Je voudrais commencer en te demandant de nous parler de toi. Qui est Job Peterson?
Je suis n� au Cap-Ha�tien, en 1989, l'a�n� d'une famille de nombreux enfants. Mon papa est pasteur protestant et ma maman est couturi�re. J'ai v�cu toute mon enfance au Cap. J'ai �t� au Coll�ge pratique du Nord pour mes �tudes secondaires. Apr�s celles-ci en 2008, j'ai fr�quent� l'universit� publique du Nord pour des �tudes en sciences administratives et gouvernance locale. En 2011, j'ai �t� � L'INIJED (Institut Universitaire des Sciences Juridiques et de D�veloppement), o� j'ai commenc� des �tudes en droit, que j'ai toutefois abandonn�es pour me consacrer enti�rement � l'entrepreneuriat.
Job, dis-nous d'o� vient ton int�r�t pour l'entrepreneuriat? Ton parcours acad�mique ne te destinait pas � cela. Qu'est-ce qui t'a pouss� vers cela?
Jusqu'en 2009, je n'imaginais pas devenir entrepreneur. J'envisageais plut�t une carri�re d'�crivain, car j'�crivais beaucoup. Toutefois le 18 mai 2009, � l'universit� publique du Nord, j'ai rencontr� M. Mathias Pierre, qui pr�sentait une conf�rence intitul� � Ha�ti, � l'heure d'un choix �. Comme M. Pierre est ing�nieur en �lectronique, j'imaginais qu'il parlerait de technologies. � ma grande stup�faction, il a parl� de sa vie. C'est � travers le r�cit de son histoire que j'ai ressenti qu'il serait b�n�fique d'emprunter la voie de l'entrepreneuriat. Je n'ai, depuis lors, jamais dout� de mon choix de devenir entrepreneur, particuli�rement un entrepreneur social, travaillant pour le progr�s de ma communaut�, celui d'Ha�ti et de l'humanit�.
Tu as mentionn� pr�c�demment l'entrepreneuriat social. Pourquoi l'entrepreneuriat social? Qu'est-ce qu'il y a de particulier Quelle est ta vision de l'entrepreneuriat social?
Ma vision de l'entrepreneur social, c'est quelqu'un, qui en plus de cr�er des activit�s g�n�ratrices de revenus pour lui-m�me, place l'environnement et les gens de sa communaut� au cœur de ses actions. C'est quelqu'un qui vise le progr�s collectif. J'ai choisi d'�tre ce type d'entrepreneur � cause d'un constat : je connais nombreuses personnes, qui je peux dire, vivent ais�ment, mais pourtant autour d'eux, c'est la d�solation. Ils ne sont pas en s�curit�. Je pense qu'en plus de s'enrichir, c'est une responsabilit�, de partager sa richesse. En fait, ce serait mieux de s'enrichir ensemble. J'ai grandi � Cit� du peuple, que je peux dire une cit� populaire. J'ai pu observer beaucoup de choses : des condisciples de classe qui ont �t� � l'�cole avec moi, mais qui n'ont pas pu terminer leurs �tudes; d'autres dont leurs parents sont morts et sont aujourd'hui d�laiss�s. Quand je me regarde, je me dis n'�tais-ce la b�n�diction de Dieu, je ne serais pas qui je suis. Donc, je pense que c'est une obligation de remettre � la communaut� tout ce que j'ai pu b�n�ficier comme bienfait.
Que penses-tu de l'�tat actuel des choses? Est-ce que de plus en plus de jeunes en Ha�ti envisagent la voie de l'entrepreneuriat, particuli�rement celle de l'entrepreneuriat social ?
Je peux dire que oui. J'ai eu la chance de parcourir plusieurs d�partements du pays et de participer � diff�rentes activit�s. En plus d'�tre membre de la Fondation �tre Ayisien (cr��e par Mathias Pierre), je suis le tr�sorier de l'association des Clubs entrepreneuriaux d'Ha�ti, pr�sents dans 8 d�partements. Je peux dire qu'aujourd'hui les jeunes sont enthousiastes. Il y a un �veil. Ils sont d�termin�s � cr�er de la richesse, � cr�er des emplois et g�n�rer des revenus. Il y a de nombreux jeunes qui, comme moi, d�cident d'emprunter la voie de l'entrepreneuriat social. Il y a aujourd'hui en Ha�ti la responsabilit� sociale de l'entrepreneur, qui commence peu � peu � s'ancrer dans l'esprit de tous et chacun.
Dis-moi Job, quels sont les d�fis auxquels font face actuellement les jeunes entrepreneurs ou les aspirants entrepreneurs en Ha�ti? Quels sont les besoins les plus pressants?
Le probl�me des jeunes entrepreneurs aujourd'hui pourrait se r�sumer autour de deux points : le premier, celui des ressources humaines et de la formation. On peut questionner le niveau de l'enseignement en Ha�ti concernant l'entrepreneuriat. Il n'y a pas vraiment d'�cole sup�rieure. Le deuxi�me point est l'accessibilit� au cr�dit. Le taux d'int�r�t du microcr�dit est exorbitant. Il y a d'autres difficult�s, mais ces ceux-l� sont les points fondamentaux.
Comment les jeunes entrepreneurs font pour surmonter ces d�fis? Est-ce qu'il y a de la solidarit� et de la collaboration entre les jeunes entrepreneurs? Comment faites-vous pour vous encourager et garder la flamme?
Il y a de l'entraide entre les jeunes entrepreneurs. Je pense � des exemples dans le Sud ou dans le Nord-ouest. Mais le probl�me est qu'avec toutes les difficult�s auxquelles nous sommes confront�s, les jeunes eux-m�mes n'ont pas vraiment les moyens de s'entraider, surtout au niveau du financement. On est encore dans la survie. Il n'existe pas de programmes financiers pour les jeunes entrepreneurs.
Quels �taient tes plans apr�s ta graduation � la Fondation �tre Ayisien?
Il y a eu la cr�ation de FRENAGI, une entreprise de transformation agro-alimentaire. Notre premier produit Ay'Choco, une tablette de chocolat de 100g, est actuellement en cours de commercialisation.
Actuellement, il y a l'entreprise Belle Ayiti qui me tient occup�. L'id�e de cette entreprise sociale m'est venue il y a 4 ans. Elle a finalement �t� lanc�e � la fin de 2012. Belle Ayiti est une plate-forme de promotion, de connexion et d'interconnexion au tourisme ha�tien. Belle Ayiti vise � mettre les projecteurs sur les localit�s et les opportunit�s qui s'y trouvent; de les faire conna�tre afin d'attirer des investissements directs dans les communaut�s pour la cr�ation de micro ou petites et moyennes entreprises. Belle Ayiti a pour but �galement de promouvoir les potentiels touristiques et les multiples facettes du pays afin que les Ha�tiens du pays et ceux de l'ext�rieur connaissent davantage leurs pays.Nous formons une �quipe de 13 collaborateurs, vivant en Ha�ti, en R�publique dominicaine et aux �tats-Unis. Mon r�le est au sein de l'entreprise est celui de promoteur. Notre projet actuel est notre concours-photos Belle Ayiti, qui a �t� lanc� au cours des derni�res semaines. Il invite les participants d'envoyer une photo qui met en valeur la beaut� de leur localit� et pr�sente une opportunit� touristique. Pour tous ceux qui veulent avoir des informations sur le concours, je les invite � visiter notre page Facebook � l'adresse :
www.facebook.com/belleayiti
Il y a d'autres projets auxquels je collabore dont celui de collecte, gestion, recyclage et transformations d'ordures m�nag�res. C'est une id�e de Jacquelin Alcius, qui est le pr�sident du Club Entrepreneurial Acc�s Jeunes (C.E.A.J) du Cap-Ha�tien et dont je suis moi-m�me le vice-pr�sident.
Comment fais-tu pour rester au courant de ce qui se passe au niveau de l'entrepreneuriat et �tre au courant des nouvelles tendances?
D'abord, il ya le r�seau des entrepreneurs. Je suis membre de plusieurs organisations de jeunes entrepreneurs. Je suis toujours connect�. Aujourd'hui, il y a une sorte de d�mocratisation du savoir. Il faut savoir o� aller, il faut savoir quoi suivre. Je suis membre de plusieurs plateformes ayant rapport � l'entrepreneuriat. Je suis inscrit � des newsletters en ligne. Je fais le suivi de journaux en ligne. Il y a �galement les livres. Je pense � Life qui a des livres ayant rapport avec les aspects fondamentaux de la vie, mais aussi les affaires. On y trouve de tr�s bons livres qui parlent d'�ducation financi�re. L'entrepreneur ne va pas tout savoir, mais il doit avoir une id�e sur tout. Donc, je suis condamn� � rechercher pour avoir une id�e g�n�rale, car m�me quand je ne serai pas l'expert, je comprendrai ce que dit l'expert.
Pour conclure Job, quel est ton appel aux jeunes ha�tiens? Quel message voudrais-tu leur communiquer pour les encourager � entreprendre?
Mon message � la jeunesse ha�tienne, c'est d'abord d'aimer notre pays, de d�velopper des liens et de se l'approprier. On n'est pas passager ni en transit en Ha�ti. On est appel� � vivre et � changer Ha�ti. Donc, il faut travailler pour le progr�s du pays. Soyons positifs et patients. Il ne faut pas se d�courager mais continuer � se former continuellement, que ce soit � l'�cole ou en dehors de l'�cole, � travers les livres, avec l'internet, en assistant � des conf�rences et en discutant avec des gens plus avanc�s que nous. Les jeunes doivent avoir confiance en eux. Comme tous, nous sommes des hommes et des femmes � part enti�re et nous pouvons r�aliser de grandes choses. L'impossible, comme je le dis toujours, est possible autant que la volont� est manifest�e. Nous pouvons r�aliser monts et merveilles!
Merci Job pour le temps et le contenu pr�cieux que tu nous as partag�. Merci de ta g�n�rosit� et bonne continuit� dans tous tes projets.
Liens internet
Belle Ayiti
www.facebook.com/belleayiti
Fondation �tre Ayisien
http://www.mathiaspierret/etre/
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