Bulletin URPS santé publique             

Numéro 2 | 12 septembre 2024

MPOX, EST-CE GRAVE DOCTEUR ?

La variole humaine a été déclarée éradiquée en 1980, grâce à la vaccination, obligatoire en France jusqu’en 1979. Le vaccin contre la variole, dans ses versions plus récentes, protège aussi à 80% contre des virus de la même famille (Orthopoxvirus), notamment le virus Mpox (M = Monkey, singe et pox = variole ou variole simienne).


Le virus Mpox a été isolé pour la première fois en 1958, au sein d’une colonie de singes à Copenhague, au Danemark, d’où son nom. Il circule essentiellement en Afrique Centrale (clade 1, le plus actif actuellement) et en Afrique de l’Ouest (clade 2, à l’origine de la vague épidémique humaine de 2022).


Les virus Mpox touchent surtout les rongeurs et leur transmission humaine reste considérée comme une maladie infectieuse rare.

QUE RÉPONDRE AUX PATIENTS

> Est-ce mortel ?

La plupart du temps, la maladie guérit spontanément sans complication grave. En France, seuls des cas liés au virus du clade 2 ont été diagnostiqués à ce jour, chez des adultes. Aucune personne n'est décédée. Selon l’OMS, entre janvier 2022 et août 2024, plus de 100 000 cas de Mpox, dont 220 décès, ont été recensés dans 120 pays (soit un décès dans 0,22% des cas).


> Comment l’attrape-t-on ?

Soit par contact direct avec des animaux infectés, soit par transmission interhumaine à l’occasion d’un contact prolongé en face à face avec une personne infectée, via des gouttelettes respiratoires ou par contact avec les fluides corporels, les lésions cutanées de la maladie ou les muqueuses internes comme la bouche, ainsi que par des objets que le malade a contaminés, comme des vêtements ou du linge de lit. Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, réunissent toutes les conditions pour une contamination.


> Peut-on s’en protéger ?

Oui, en évitant le contact avec des animaux ou des humains infectés ou en étant vacciné.


> Existe-t’il un traitement ?

Oui. Le traitement est avant tout symptomatique (anti-douleurs, soins des plaies, …). Il existe un antiviral spécifique, le tecovirimat, qui est indiqué uniquement pour les formes graves de la maladie dans le cadre d’une hospitalisation. Cet antiviral a montré son efficacité sur le MPox de clade 2. En cas de contact avec un cas, la vaccination dans les 4 jours est également recommandée.


> Où se faire vacciner ?

Consulter les coordonnées des centres sur la carte interactive ci-dessous.

Carte interactive sur sante.fr

> Que signifie "Clade" ?

Le simple fait qu’on puisse parler de clade prouve que la virologie fait des progrès extraordinaires.

  • Dans la première moitié du XXe siècle, l’humanité a appris à identifier les virus et à les classer en grandes familles ("type", "sous-type")…
  • Dans la seconde moitié du XXe siècle, les virologues ont suivi de mieux en mieux et de plus en plus vite les variations des caractéristiques de ces virus. Ils ont ainsi déterminé les "variants" d’un même virus et compris comment ces variants parvenaient à déclencher des épidémies en déjouant les défenses immunitaires. Le suivi des épidémies de grippe a joué un rôle majeur dans cette évolution de la virologie car le virus de la grippe est particulièrement doué pour muter.
  • Depuis le début du XXIe siècle, grâce à la généralisation de l’analyse des gènes et des protéines virales ("séquençage", "polymerase chain reaction – PCR"), les virologues peuvent suivre l’évolution des mutations virales et comparer les gènes d’une population de virus d’un même type. Après avoir compté le nombre et la nature des différences ("mutations"), ils utilisent un outil mathématique de classification pour obtenir une arborescence : les virus très peu différents sont sur le même rameau et plus le nombre de mutations augmente, plus les rameaux sont éloignés.

"Clade" désigne chaque partie homogène de l’arborescence, un peu comme pour un arbre avec ses différentes branches.

Source : OpenRome

A CONSULTER : liens utiles


> MPox, définition et épidémiologie sur Santé Publique France

> Les recommandations vaccinales de la HAS (actualisées en septembre 2024)

> Tout savoir sur le vaccin sur Vaccination Info Service

> Rappel des conduites à tenir et nouveaux avis de la HAS et du HCSP sur la vaccination (DGS-URGENT 2024-14 du 04/09/24)

Mpox en France

Répartition des 143 cas signalés entre le 1er janvier et le 3 septembre 2024

  • Janvier : 14 cas
  • Février : 13 cas
  • Mars : 12 cas
  • Avril : 21 cas
  • Mai : 27 cas
  • Juin : 22 cas
  • Juillet : 10 cas
  • Août : 27 cas
  • Septembre 5 cas

Ces cas concernent uniquement des adultes et sont liés au clade 2 du Mpox

Source : Santé publique France (consulter le bulletin épidémiologique)

Quels signes cliniques ?

  • incubation de 5 à 21 jours ;
  • syndrome fébrile (fièvre, courbatures, céphalées, fatigue, etc.), durant 1 à 3 jours ;
  • puis phase éruptive, durant 2 à 4 semaines, avec des éruptions cutanées vésiculeuses évoluant vers le dessèchement et la cicatrisation, qui peuvent atteindre l’ensemble du corps, notamment le visage, dans la zone ano-génitale, les paumes des mains et plantes des pieds. Des gonflements des ganglions lymphatiques et des lésions muqueuses buccales et génitales sont possibles.
  • les personnes infectées sont contagieuses dès l’apparition des premiers symptômes, jusqu’à la cicatrisation complète des lésions et chute des croûtes, le plus souvent en 3 semaines.
  • la plupart des personnes présentent des symptômes légers, et l’infection est spontanément résolutive.
  • aucune personne n'est décédée de Mpox à ce jour en France. Les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les jeunes enfants seraient plus à risque de développer une forme grave de la maladie : surinfection des lésions cutanées, atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques.

Que faire ?


  • connaître la définition de cas et la conduite à tenir, régulièrement mise à jour par Santé publique France
  • isoler le cas dès que possible et pour une durée d’au moins 21 jours et jusqu’à cicatrisation des lésions
  • organiser le prélèvement à visée diagnostique dans tout laboratoire de biologie médicale ou CeGiDD sur prescription médicale
  • déclarer le cas sans délai à l’ARS (maladie à déclaration obligatoire)
  • traiter les symptômes
  • prévention de la surinfection,
  • traitement de la douleur,
  • prévention des cicatrices inesthétiques.
  • dépister les infections sexuellement transmissibles, si contexte de rapports sexuels non protégés.
  • informer le patient de la nécessité de :
  • prévenir ses contacts du risque de contamination (auto-surveillance, vaccination le cas échéant) ;
  • respecter l’isolement, les mesures de limitation des interactions sociales,
  • maîtriser les risques de transmission et les mesures d’hygiène.


Chez les personnes à risque


La HAS recommande la vaccination par l’un des 2 vaccins vivants atténués non réplicatifs de 3e génération (Imvanex® ou Jynneos®). Une dose de rappel est recommandée chez les personnes ayant reçu une primo-vaccination en 2022.


En post-exposition

  • personnes contact à risque d’exposition avec un patient infecté,

En pré-exposition

  • hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;
  • personnes en situation de prostitution ;
  • professionnels des lieux de rencontre sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux ;
  • partenaires ou personnes partageant le même lieu de vie que les personnes mentionnées ci-dessus.

Biologie

En cas de suspicion de MPox,

  • prélèvement cutané ou naso-pharyngé en cas de poussée éruptive dans la bouche ou la gorge
  • PCR en temps réel

Bulletin rédigé par Open Rome pour l’URPS Médecins Libéraux Grand Est.

Dessin : Urbs | Illustrations : Freepik.com



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