Par Lilian Schaer, pour l'Association pour l'amélioration des sols et des récoltes de l'Ontario
Dan Breen voit le sol comme un biosystème actif et vivant qui nécessite une certaine protection. Le sol serait en quelque sorte « la peau » de la Terre et, tout comme les gens se couvrent pour aller dehors l'hiver, les champs ont eux aussi besoin d'être couverts pour se protéger des éléments.
Producteur laitier de troisième génération, Dan Breen exploite une ferme avec sa femme, sa fille et son gendre près de Putnam, dans le comté de Middlesex. Il a reçu en 2018 le prix Champion des sols que l'Association pour l'amélioration des sols et des récoltes de l'Ontario décerne chaque année à des chefs de file de la gestion durable des sols.
À la fin de 1989, alors qu'il vient à peine d'acquérir la ferme de ses parents, le nouveau propriétaire se voit confronté à une décision majeure : remplacer le matériel aratoire usé de la ferme ou trouver une autre stratégie.
Un hasard lui fait découvrir un nouveau système cultural et, au printemps 1990, notre jeune agriculteur tente un premier essai avec le semis direct, semant du maïs sur 40 acres à l'aide d'une planteuse à deux rangs usagée qu'il a modifiée lui-même. Depuis, il développe progressivement son exploitation familiale, cultivant aujourd'hui 300 acres qui lui appartiennent et 500 acres loués.
« Je traite les terres louées comme si elles m'appartenaient, et c'est crucial. L'important c'est la gérance, alors peu importe qu'on soit propriétaire ou non, on a la responsabilité de faire le mieux possible, dit-il. La nature est en équilibre, mais nous détruisons cet équilibre en labourant à l'excès, en retirant trop d'éléments nutritifs de la terre ou en n'assurant pas la biodiversité, alors nous devons protéger la stabilité de l'environnement dans nos pratiques agricoles. »
Sa rotation type comprend du maïs, du soja, du blé et des cultures-abris, qu'il a commencé à planter il y a 12 ans. Une centaine d'acres sont en rotation avec la luzerne, et du fumier est épandu entre les cultures quand l'état du sol et les conditions météorologiques le permettent.
« La seule superficie qui n'a pas de cultures vivantes et en croissance toute l'année est celle du maïs-grain. J'essaie de faire en sorte que tout soit toujours vert et en train de pousser et qu'il n'y ait jamais de sol nu », résume-t-il, conformément à sa devise de couvrir, faire verdir et faire pousser.
Selon lui, aucune activité ne peut à elle seule garantir un sol en bonne santé, et il n'existe pas de recette miracle pour les agriculteurs, étant donné la variabilité des sols, des reliefs et des climats. Il faut plutôt tenir compte du type de culture, de ses besoins et de l'activité biologique et la teneur en éléments nutritifs du sol.
« Un véritable système de semis direct, ça ne se résume pas seulement à l'absence de labourage. C'est aussi la biodiversité, la rétention d'eau et le cycle des éléments nutritifs, dit-il. Quand j'ai commencé le semis direct, c'était simplement pour éliminer le labourage, mais maintenant, c'est pour bâtir tout un système - les cultures-abris n'étaient même pas sur le radar quand j'ai débuté en agriculture. »
S'il a eu des résultats aussi concluants avec le sol au fil des ans, c'est beaucoup parce qu'il n'a pas eu peur d'essayer de nouvelles choses - du moment qu'elles appuient son objectif de créer un sol plus résistant et plus stable - et qu'il a su s'adapter aux imprévus de la saison de croissance.
Aux autres agriculteurs qui songent à faire le saut vers le semis direct, Dan Breen recommande la persévérance (pour continuer quand le succès semble plus qu'incertain), la force de résister aux antitout et une transition graduelle, p. ex. le semis direct du soja après le semis direct du maïs, puis le semis direct du blé après celui du soja.
« C'est un énorme honneur et je suis vraiment touché d'avoir gagné ce prix, même si je ne cours pas après les récompenses. Je fais que je fais parce que j'aime ça, confie-t-il. Comme agriculteur, j'ai l'occasion d'être le protecteur de mes terres, mais c'est un mandat éphémère à l'échelle de l'histoire. J'espère qu'après mon passage mes terres seront en meilleur état qu'à mon arrivée - et j'espère que ma fille et mon gendre poursuivront dans la même voie. »
Pour en savoir plus sur le prix Champion des sols, y compris sur la marche à suivre pour proposer une candidature, veuillez vous adresser à Andrew Graham (519-826-4216 ou agraham@ontariosoilcrop.org) ou aller au site Web
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