Alerter le président de la République sur le drame humanitaire
Notre message au président Emmanuel Macron se veut être solennel et alarmiste tant la situation est grave. Il repose sur quatre points principaux :
1/ Risque de famine provoqué par la pénurie des denrées alimentaires
Les mesures de restrictions financières et d’embargo qui pèsent sur la Syrie ont conduit à une baisse significative et historique de la valeur de la livre syrienne. Le risque de famine est bien réel. 54% de la population syrienne est en situation de risque ou d'insécurité alimentaire (Source : RAPPORT "FOOD SECURITY SITUATION IN SYRIA"). La malnutrition et la famine sont des conséquences directes de la guerre :
- Un accès limité à une eau et à une nourriture de qualité, de mauvaises habitudes alimentaires, une insuffisance en protéines et en micronutriments, rendant toute une population plus vulnérable aux maladies.
- Forte baisse de la production alimentaire, provoquant une flambée des prix (panier alimentaire 90% supérieur aux moyennes nationales d'août 2015 et 800% plus élevé qu'avant la crise).
- Destruction des services publics et de santé. Zones assiégées et camps de réfugiés où les quantités alimentaires sont insuffisantes.
Beaucoup d’indicateurs montrent un risque de famine imminent en Syrie y compris dans les zones sous contrôle du régime.
2/ Réponse humanitaire hétérogène et inadaptée dans le nord de la Syrie
Les bombardements continus ont forcé les populations à fuir dans le nord du pays, et ce, sans aucune considération pour les forces de contrôle des différentes zones. Ainsi, Il est important que la réponse humanitaire couvre la totalité des zones sinistrées quelque soit la force de contrôle en présence. Or, les institutions françaises et européennes restent réticentes à envoyer de l’aide humanitaire dans certaines zones. Malheureusement, ce sont les civils (majoritairement des femmes et des enfants) qui se retrouvent ainsi sans aucune aide humanitaire.
3/ Faire respecter les couloirs humanitaires au prix d’un dialogue franc et sans compromis
Il est indispensable que la mise en place de ces couloirs humanitaires soit respectée en Syrie. Maintenir les accès transfrontaliers (Cross-borders) et points d’entrée du pays ouverts est impératif, même si cela implique d’ouvrir un dialogue franc et direct avec les principaux acteurs en jeu dans le conflit.
4/ Accélérer et amplifier la réponse humanitaire pour faire face aux déplacements de population
Face aux déplacements forcés des populations, la réponse actuelle est insuffisante. il est nécessaire d’apporter une aide d’urgence adaptée sur tous les plans : médicales, alimentaire, sanitaire...etc.
Notre humanité et notre engagement nous imposent de réagir.
"S'il y avait un tremblement de terre à Bordeaux, ville qui compte 250 000 personnes à l'instar du nombre de déplacés du sud d'Idleb depuis la mi-décembre. Que ferions-nous ? Des ponts aériens, l'envoi de tentes, la mise en place d'une aide internationale...? Aujourd'hui, que faisons-nous pour Idleb, l'aide humanitaire est très peu présente et clairement insuffisante ? La France doit apporter une aide humanitaire à ses populations et soutenir les organisations qui sont présentes à Idleb comme l'UOSSM."
Le Pr Raphael Pitti, responsable formation de l'UOSSM.