Notre lettre envoyée aux Ministère des Affaires Etrangères :
Nous vous sollicitons en tant qu’acteurs médicaux non-gouvernementaux œuvrant en Syrie afin de vous alerter sur la situation dramatique constatée par nos équipes, mais aussi pour vous faire part de nos demandes. Nous saluons les initiatives du gouvernement français auprès du Secrétaire général des Nations unies, M. António Guterres dénonçant l’aggravation dramatique de la situation humanitaire en Syrie, singulièrement dans la Ghouta orientale. Nous souhaiterions vous dire que les ONG ne peuvent tolérer plus longtemps la terreur et la mort qui s’abattent depuis des mois sur les populations civiles syriennes et plus spécifiquement sur la Ghouta. Délibérément et stratégiquement privée de nourriture et de soins depuis 5 ans et visée en continue par des bombardements depuis le début de l’année, la Ghouta se meurt en silence face à une communauté internationale qui paraît résignée. Si le droit humanitaire est mort à Alep en 2016, doit-on le laisser mourir à nouveau dans cette région de la banlieue Est de Damas où 400 000 personnes sont encore piégées sous le feu des bombardements ?
Nous dénonçons depuis des mois les violations systématiques du Droit Humanitaire International et ne voulons pas que la Ghouta signe le décès de ce droit. Nous sommes des soignants non résignés. Soigner est notre devoir et notre raison de vivre, à la Ghouta et partout dans le monde. Nous soutenons nos 60 collègues médecins à la Ghouta qui luttent pour sauver les blessés innombrables. Le siège ne permet aucun convoi humanitaire. La malnutrition et la famine atteignent un seuil critique. Nous, médecins, ne pouvons rester insensibles à la mort de tant de soignants et de blessés, qui n’ont pour seul tort que de soigner des vies ou d’être nés sous état de siège. L’ultime indignité est l’ignorance, l’indifférence à l’égard de leur destin funeste. Nous réitérons nos demandes de cessez-le-feu, d'accès humanitaire immédiat et sans entrave. Nous demandons à ce que l’évacuation des centaines de patients les plus critiques, dont 167 enfants gravement malades, soit immédiate car il n’y a plus d’hôpitaux fonctionnels à la Ghouta.
Ces évacuations et celles de tous ceux qui souhaitent quitter la Ghouta doivent pouvoir s’effectuer avec l’aide d’acteurs qui ne sont pas partie prenante au conflit. Les ONG doivent pouvoir accompagner ces personnes lors de leurs déplacements. Ceux qui sont responsables de crimes de guerre doivent être traduits devant la Cour Pénale Internationale. Le droit humanitaire international doit rester la norme, notamment concernant les obligations de protection des lieux de soins et des personnels soignants et humanitaires. Les organismes internationaux doivent permettre l’effectivité de cette protection.