Merci au Dr Durie et à l'IMF de nous avoir permis de traduire et publié cet article. Notez que les redirections intégrées dans cet article sont issues de la version originale anglaise.
Racisme et COVID-19 : vérités et conséquences
Dr Brian G.M. Durie
de l' International Myeloma Foundation (IMF)

Date de publication : 11 juin 2020
Cette semaine, nous sommes aux prises avec deux problèmes. Le racisme, qui depuis plusieurs générations porte préjudice aux Noirs sur le plan physique, économique et spirituel, a suscité des protestations massives dans des villes et villages partout à travers le monde. La puissante voix du peuple demande que les institutions agissent maintenant pour cesser les pratiques racistes. Pendant ce temps, la pandémie de COVID-19 continue de se propager, notamment en raison de la promiscuité lors des manifestation

Ainsi, il y a la vérité des dommages causés par un racisme toujours présent, mais aussi les conséquences des rassemblements à grande échelle pour protester contre le racisme, exposant ainsi davantage les gens aux risques de la COVID-19.
Vérités
Le racisme systémique est présent aux États-Unis et dans le monde entier. Après le décès de George Floyd aux mains de policiers, le mouvement Black Lives Matter a fait part de son indignation. En dépit d’une rhétorique inquiétante, des mensonges et des messages dystopiques en provenance de Washington, des changements semblent se produire dans les États, les villes et les localités en Amérique et ailleurs. Il y a espoir que les services de police actuels, fortement militarisés, se tourneront vers les préoccupations de sécurité publique, et que les profondes disparités sous-jacentes en matière de santé dont sont victimes les Noirs dans le monde entier commenceront à être prises en compte. Le 10 juin, une grève des universitaires et des organisations scientifiques du monde entier a attiré l’attention sur la nécessité d’agir face aux inégalités systémiques dans le domaine scientifique.

La pandémie de la COVID-19 a mis en lumière la manière dont la discrimination entraîne des disparités dans le domaine de la santé chez les Noirs. Un récent éditorial du New York Times pose et répond à la question «  Qui est le plus susceptible de mourir du coronavirus ?  ». Les principaux facteurs de risque sont tous plus répandus chez les Noirs : hypertension, diabète, obésité, maladies pulmonaires et rénales chroniques. Il n’y a aucun doute quant aux inégalités raciales.
Conséquences
Les protestations massives augmentent le risque de propagation de la COVID-19 dans les communautés. Les manifestants sont manifestement conscients de ce risque, mais cela ne les arrête pas. On ne peut pas passer à côté d’une telle occasion de changer les choses. Mais les conséquences doivent être traitées avec une approche scientifique, pratique et progressive. 
Selon les données scientifiques, un grand nombre de personnes n’ayant pas été exposées à la COVID-19 présentent encore un risque de la contracter. Les données de la région de Wuhan en Chine (l’épicentre initial de la pandémie) indiquent que seulement 3 % des personnes de cette communauté ont une concentration d’anticorps suffisante pour avoir déjà été infectées. Cela signifie que 97 % de la population ne l’a pas encore été. Ces personnes risquent d’être infectées et de propager l’infection à d’autres personnes, notamment à celles qui présentent des risques plus élevés de complications.
 
Une nouvelle étude de grande envergure rapporte que les fermetures ont possiblement empêché jusqu’à 60 millions de personnes de développer la COVID-19. Bien qu’il s’agisse d’un important aplatissement de la courbe, cela signifie également que, de ce fait, un nombre beaucoup plus important de personnes présentent toujours un risque d’infection et qu’ils pourraient contribuer à de nouvelles propagations dans les communautés.
La vérité est que la COVID-19 sera présente dans nos communautés pendant un certain temps. Cela dit, comme nous ne pouvons pas vivre comme des ermites, quelles mesures pratiques peuvent prendre les 97 % de la population qui n’a pas encore été infectée pour contrebalancer les risques de s’aventurer dans la communauté ?

Recommandations fondées sur la science pour les prochaines étapes

1.Activités à risque

  • La plupart des personnes interrogées s’entendent pour dire que la participation à de grands événements sportifs, à des concerts et à des pièces de théâtre, entre autres, sera l’activité la plus dangereuse pendant un an ou plus.
  • Les mariages, les enterrements, les poignées de main et les câlins font tous partie de cette même catégorie de risque.
  • Travailler dans des locaux partagés demeure peu recommandable. La fréquentation des centres commerciaux et des centres de conditionnement physique est également une activité déconseillée par ce groupe d’experts.
  • Voyager en avion est encore considéré avec beaucoup de scepticisme, bien qu’avec des précautions strictes (dont le port de masques), cette activité est probablement beaucoup plus sécuritaire que d’aller dans un aréna pour assister à un match de hockey.

2.Activités plus sécuritaires

  • Socialiser à l’extérieur (par exemple, un souper dans la cour) avec quelques membres de la famille ou des amis proches.
  • Il peut être envisageable d’aller dans un restaurant soigneusement aménagé avec une terrasse ou respectant une certaine distanciation physique avec une bonne ventilation. Cela nécessite de prendre des précautions minutieuses (serveurs avec masque ou visière, vérification de la température, etc.).
  • Les randonnées et les pique-niques en plein air sont également très bien vus par les épidémiologistes.
  • Les rendez-vous médicaux non urgents (encore une fois, en prenant de minutieuses précautions).
  • Les opinions sont mitigées quant aux visites dans les salons de coiffure, plusieurs experts indiquant qu’ils sont relativement sécuritaires si l’on porte un masque et que d’autres mesures de sécurité sont en place. (Il ne faut pas se le cacher, les salons de coiffure sont sur le point de devenir un service essentiel pour la plupart d’entre nous !)
  • Dans les mois à venir, d’autres types d’activités pourront être envisagés, notamment des activités de vente au détail dans la communauté locale (pour faire réparer sa voiture, aller à la banque ou chez le nettoyeur, etc.). Des mesures de protection sont prises dans tous ces commerces (distanciation physique, port du masque et désinfectant pour les mains). 
Masques
Une nouvelle étude des universités britanniques de Cambridge et de Greenwich souligne l’importance du port d’un masque en public. L’étude suggère que l’utilisation systématique de masques peut prévenir les deuxièmes vagues de la COVID-19. Le point essentiel des chercheurs est que les masques limitent la propagation de la COVID-19 par les superinfecteurs asymptomatiques, ce qui est la grande préoccupation en ce moment après les protestations massives. C’est une nouvelle très encourageante.

On attribue en grande partie l’impact réduit de la COVID-19 en Asie et ailleurs au port de masques. Des mesures de protection strictes ont eu des effets bénéfiques dans des endroits comme la Colombie-Britannique , où des approches amicales de confinement et l’application de mesures simples ont permis de contenir la pandémie. 
Utiliser l'ascenceur
Les experts conseillent à ceux qui doivent prendre l’ascenseur :

  • de porter un masque ;
  • de tenter d’éviter de toucher les boutons ou autres surfaces directement ;
  • d’utiliser fréquemment un désinfectant pour les mains ;
  • de les utiliser durant les heures creuses et seul, si possible ; et
  • d’utiliser des cure-dents pour appuyer sur les boutons.

Il ne fait aucun doute que les déplacements en ascenseur seront difficiles dans les grands immeubles très fréquentés, malgré l’introduction aussi rapide que possible de nombreuses innovations et protections.
Groupes à risque
La façon la plus simple de prendre vos décisions dans les semaines à venir est peut-être de prêter une attention particulière aux facteurs de risque connus. Plus les facteurs de risque sont nombreux, plus il faut être prudent.

  • L’âge reste un facteur important, surtout pour les septuagénaires, octogénaires, nonagénaires (ou personnes plus âgées), les risques augmentant clairement avec l’âge.
  • La présence d’hypertension, de diabète, d’obésité, de maladies pulmonaires ou rénales chroniques apporte un risque supplémentaire.
  • Vivre en groupe, quel que soit le type de groupe, est un risque certain et doit être géré avec prudence ou même évité. Dans de nombreux endroits, plus de 50 % des décès sont survenus dans des groupes.
  • Les facteurs génétiques sous-jacents sont toujours à l’étude. Une étude récente indique des corrélations avec les groupes sanguins ABO. Un risque plus élevé est lié au groupe sanguin A-positif et un effet protecteur pour le groupe sanguin O-positif. Il semble que le locus génétique du groupe sanguin puisse avoir un effet positif ou négatif sur l’activation du récepteur de surface de l’ACE2 (enzyme de conversion de l’angiotensine 2), auquel le virus de la COVID-19 se lie lorsqu’il pénètre et infecte les cellules. Cela pourrait être l’occasion de développer une nouvelle thérapie ciblée.
  • Il est évident que le fait d’être atteint d’un myélome est un facteur de risque, surtout si la maladie a été récemment active et que le patient nécessite des traitements d’induction ou de réinduction, ou une autogreffe de cellules souches. Les patients dont la maladie est stable qui suivent des traitements d’entretien semblent présenter un risque beaucoup moins élevé. De plus, la présence de gammapathie monoclonale à signification indéterminée ne semble pas ajouter un risque particulier. (Je discute de myélome et de COVID-19 avec la Dre Suzanne Lentzsch du New York -Presbyterian Hospital, et Yelak Biru, membre du conseil d’administration de l’IMF et patient atteint d’un myélome, dans ce balado).
Ce qu'il faut retenir
Les personnes présentant un risque plus limité (par exemple, les personnes âgées, mais sans facteurs de risque médicaux, vivant de manière indépendante) et possiblement celles dont le groupe sanguin est de type O-positif, peuvent envisager d’étendre leurs activités sociales plus rapidement que celles des catégories à risque plus élevé.
Voie à suivre
Faire face aux vérités et aux conséquences est la seule façon de progresser. La bonne nouvelle, c’est qu’on a le sentiment qu’un véritable changement est possible et qu’avec une meilleure orientation scientifique et pratique, nous pourrons mieux gérer l’apparition soudaine d’éclosions de la COVID-19. Le port d’un masque en public est très important. La clé dans les mois à venir sera de rester en santé dans notre nouvelle normalité (ou anormalité), qui continuera à limiter les contacts sociaux qui font tellement partie de notre identité. J’espère que les suggestions que j’ai faites faciliteront la reprise progressive de nos activités sociales et communautaires.
Le Dr Brian G.M. Durie a fondé l’ International Myeloma Foundation (IMF), dont il est aujourd’hui le président, et siège à son conseil consultatif scientifique. Il est également le président du groupe de travail international sur le myélome de l’IMF, un consortium regroupant près de 200 spécialistes du myélome d’un peu partout dans le monde. Le Dr Durie dirige également le projet Black Swan Research Initiative ® de l’IMF.
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