L'Émission
"Cash Investigation" du jeudi 13 janvier sur France 2, dont une partie était consacrée aux déserts médicaux et à la liberté d'installation des médecins, a beaucoup fait parler d'elle. Son parti-pris évident contre les médecins libéraux quant aux solutions proposées pour résoudre les difficultés d’accès aux soins médicaux sur certains territoires, était en effet édifiant.
Les médecins et leurs syndicats seraient responsables des "déserts médicaux", de par leur manque de volonté à répondre aux besoins des patients. Et surtout, l'État serait fautif, en ne contraignant pas les médecins à s'installer "là où l'on a besoin d'eux".
La vision illustrée par les reportages et les interventions en plateau est évidemment simpliste et le service public de télévision ne s’honore pas à traiter des sujets aussi complexes que l'accès aux soins avec autant de légèreté que le ferait n’importe quelle chaîne « trash ».
Les difficultés ne datent en effet pas d'hier et les résumer au simple refus des jeunes à s'installer dans les zones déficitaires relève d'une incompréhension complète de l'ensemble des problématiques en jeu. Rappelons que la situation en France n'est pas celle d'un pays largement pourvu en médecins dont tous seraient installés au même endroit. La situation est celle d'un pays sous-doté en offre médicale sur l'ensemble de son territoire et où même dans les zones qui ne sont pas considérées comme des déserts médicaux, les médecins manquent.
Les déserts médicaux ne sont en réalité que les symptômes des dysfonctionnements provoqués par les politiques de santé qui ont été menées depuis plus de 20 ans, et non le fruit du caprice de jeunes médecins ingrats !
Alors forcément, les solutions qui seront proposées, pour qu'elles puissent fonctionner, devront aller au-delà du remède de façade que constitue la seule obligation à s'installer en zone déficitaire. Il faudra s'interroger bien entendu sur l'attractivité des zones rurales, notamment pour les couples avec enfants (quelle scolarisation pour les enfants, quelles perspectives d'emploi pour le conjoint,...) mais aussi et surtout sur l'attractivité du métier de médecin généraliste aujourd'hui.
Le sujet sera très certainement au cœur de la campagne électorale de ce printemps et l'on se serait attendu à un traitement bien plus sérieux de la part d'une chaine de service public.
Au moins, sommes-nous désormais prévenus sur le ton qui sera adopté...
Les réactions, des syndicats de médecins d’un côté et
celle de la FNCS (Fédération Nationale des Centres de Santé) de l'autre, donnent le ton. Et ce n’est pas rassurant après la mèche allumée par Elise Lucet.
Quoi qu'il en soit, le sujet complexe de la difficulté - de plus en plus fréquente et sur de plus en plus de territoires - à trouver un médecin ainsi que les solutions que peuvent y apporter les médecins libéraux, est au cœur des préoccupations de vos élus URPS. Une commission accès aux soins travaille notamment sur ces problématiques.