C’est une Israélienne de 44 ans qui forme les futurs dirigeants du monde
Une carrière universitaire fulgurante a conduit Keren Yerachy-Milo de Holon au poste de doyenne de la prestigieuse École des Relations Internationales de la Columbia University. Elle prépare les étudiants aux cinq défis qui menacent la démocratie dans le monde. Dans une interview accordée à Ynet, elle parle du cours conjoint qu’elle partagera avec Hillary Clinton, ainsi que de la lutte contre l’antisémitisme sur le campus.
Keren Yerachy-Milo a grandi à Holon dans une famille à faible revenu. « Mon père qui a immigré de Syrie, était brillant, mais il n’a même pas pu terminer ses études secondaires parce qu’il devait travailler pour gagner sa vie », dit-elle. « Dès notre plus jeune âge, il a insisté sur l’importance de l’éducation. Je voyais la douleur dans ses yeux. Il aurait tant aimé apprendre, mais il n’en a jamais eu la possibilité. Vous me demandez quelle est ma motivation et comment je suis arrivée là où je suis, c’est pour compenser ce qu’il n’a pas pu obtenir…. C’est une course folle. »
Son père est mort alors qu’elle enseignait à l’Université de Princeton. Il n’a pas pu lire son livre, n’a pas pu être là quand elle a été titularisée, n’a pas pu la voir avec Hillary Clinton et a raté le chapitre de sa vie actuelle. « Ça me fait beaucoup de peine », dit-elle. « Toutes les économies de mes parents ont été consacrées à mes études. Ils ont toujours su que mon rêve était la Columbia University. »
Pourquoi la Columbia University ?
« J’ai toujours aimé les relations internationales. Je suivais les nouvelles à la télévision et je me sentais connectée avec le monde. J’adorais Madeleine Albright qui avait un charme et un sens de l’humour qui m’attiraient et je savais qu’elle avait étudié à Columbia. Pour ma Bat Mitzvah, mes parents m’ont offert un vol sur New York afin de visiter le campus. Je suis venue ici, j’ai pris le programme des cours et j’ai commencé à noter au marqueur ceux qui m’intéressaient. Mes amis en Israël ne me prenaient pas au sérieux. J’avais toujours parlé de Columbia, mais je n’avais pas de plan organisé pour y arriver. »
L’été dernier, elle a été nommée doyenne de la "School of International Relations and Public Policy" de l’Université Columbia à New York (SIPA), devenant ainsi non seulement la première Israélienne à occuper ce poste, mais aussi la plus jeune femme à occuper ce poste dans l’une des universités les plus prestigieuses au monde.
Yerachy-Milo n’est pas juste une voix de plus qui analyse le sujet. Elle est considérée comme une sommité dans le domaine de la recherche en relations internationales et forme la prochaine génération de diplomates et de responsables gouvernementaux.
Elle est considérée comme un météore intellectuel et sa carrière universitaire est passée par la moitié des huit universités de l’Ivy League des États-Unis (l’Ivy League qui intègre les institutions académiques les plus prestigieuses de la côte Est) : elle a obtenu son baccalauréat à la Columbia University, son doctorat à Penn, le poste à Harvard, d’où elle a déménagé pour enseigner à Princeton jusqu’à son retour à Columbia. Elle a publié deux livres de recherche largement acclamés : le premier portait sur la prise de décision et la façon dont les services de renseignement évaluent les intentions de leurs ennemis. Elle a étudié les différences dans les prises de décisions et a montré comment les préjugés jouent un rôle majeur. Son deuxième livre a introduit la psychologie comportementale dans le domaine de la prise de décision et de la politique étrangère, et a en fait lié le profil de personnalité des dirigeants - leur culture, leurs antécédents, leur environnement et le processus de socialisation qu’ils ont subi - et la prise de décision concernant l’utilisation de la force militaire. Ici aussi, Yerachy-Milo a montré à quel point les préjugés ont une influence sur chaque décision que l’on prend !
Il y a aussi un autre défi qu’elle s’est fixé, peut-être plus personnel : la lutte contre l’antisémitisme sur le campus. Selon un rapport de "l’Anti-Defamation League"(ADL) publié récemment, le nombre d’incidents antisémites dans les collèges et universités américains a augmenté de 41% au cours de la dernière année.
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